À propos des SMS...
Une très sérieuse étude, menée
par des Canadiens, s'est penchée sur le désastre possible que peuvent
engendrer les textos. 80 % des adolescents canadiens ont en effet
recours à ces télégrammes modernes. Et forcément les parents, les
professeurs s'inquiètent : orthographe laminée, syntaxe déplorable,
grammaire bafouée, les symptômes sont connus...
L'étude fut menée en comparant le
langage oral et la rédaction de textos sur un groupe de 70 ados. Les
résultats furent présentés le 2 août aux Linguistics Society of Canada
et au United States Annual Meeting. Le programme se tourne donc vers
quatre points : l'expression de l'intensité (it's so...), le célèbre
futur progressif anglais (I'm going to...), les comparatifs (he was
like...) et les impératifs (I have to/ I must...).
Et l'on ne s'y est pas cantonné à
l'analyse des ptdr ou autres rofl... De fait, on y apprend que le texto
devient une sorte de combinaisons entre langage oral et langue écrite.
D'un côté des tournures proches de l'hérésie grammaticale, mais de
l'autre, des formulations, qui à l'oral feraient passer leur
utilisateur pour "pas cool".
Sali Tagliamonte, qui supervise l'étude explique : « Tout le monde pense que les jeunes massacrent la langue par le biais des SMS,
mais au contraire, ils nous démontrent qu'ils manipulent différents
registres de langues quand ils les rédigent. Ils font preuve d'une
maîtrise lucide et consciente du langage. Nous ne devrions pas nous
inquiéter. »
Plusieurs choses restent à préciser : non seulement il est temps de se rendre compte qu'un langage est un organisme vivant qui évolue et se modifie selon une vieille règle de linguistique, du moindre effort (qui vise à une simplification perpétuelle de la langue, à tous niveaux). Ainsi, les modifications que drainent les SMS pourraient n'être qu'une évolution, parmi d'autres. Ensuite, il faut bien se rendre compte que les changements de supports d'écriture ont toujours participé aux mutations du langage.
Néanmoins, il ne faudrait pas voir à encourager de trop les auteurs de textos : « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément... ».
Merci, Monsieur Boileau.