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Tour de Babel
24 novembre 2005

Peut-on oubier sa langue maternelle ?

    On dit souvent que la langue maternelle ne s'oublie jamais et qu'elle est celle que l'on parle le mieux. Voilà une idée à laquelle il faut tordre le cou ! Et oui, car cette idée préconçue est complètement fausse.
    Chez une personne, disons, multilingue, le conflit entre sa langue et la ou les langues qu'il connaît sera toujours permanent. Il est très rare qu'un individu puisse maîtriser complètement toutes ces langues. Quand je dis "maîtriser", j'entends la capacité par laquelle un individu est capable de s'exprimer et de manipuler une langue comme si elle était la langue qui prédomine dans sa vie à un moment T. L'Histoire nous a montré que des millions de personnes, pour des raisons politiques ou autres, qui ont dû quitter leur terre natale, ont perdu la maîtrise de leur langue maternelle. En fait, plus on est jeune, plus la seconde langue (du pays d'accueil) remplace la première. Mais cela ne dépend pas seulement de cela. L'environnement socio-culturel y est aussi pour quelque chose car plus on est conscient de ce phénomène, plus on tend à vouloir lutter contre. C'est pour cette raison que je dis que la maîtrise parfaite de deux langues est rare.
    Je me rappelle de l'histoire d'un prisonnier français qui, pendant la deuxième guerre mondiale, avait été déporté en URSS (en Ukraine plus précisément) et qui, au moment de la libération, s'était installé dans ce pays d'accueil. La conséquence ? Cette personne ne parlais plus français mais maîtrisait parfaitement l'ukrainien. Il ne lui restait que quelques fragments de la langue française mais trop peu pour pouvoir s'exprimer correctement. Bien sûr, cela avait été favorisé par le fait qu'il s'était marié avec une ukrainienne et que le français ne faisait plus partie de son environnement linguistique.
    Si l'on pousse le raisonnement un peu plus loin, on peut considérer que la langue maternelle correspond au rapport priviligié avec la mère. Si l'on rejette la mère, rejette-t-on la langue maternelle ? Peut-être que cela a été le cas pour ce monsieur ?...

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Commentaires
E
Le risque en effet des personnes qui ont très jeune quitté leur pays d'origine pour aller s'expatrier ailleurs, c'est qu'ils ne parlent correctement ni leur langue maternelle ni la langue de leur pays d'accueil. Mon parrain a épousé une Espagnole dont c'est précisément le cas. Elle fait des fautes en espagnol et en français.
L
Effectivement le débat est vaste... De façon plus large, la langue maternelle renvoit à l'identité, au soi, à ses origines et ses ascendants et à son propre vécu par rapport à cela. C'est beaucoup plus complexe qu'un simple rapport à la mère. On peut imaginer que ton français avait un souci avec ce qu'il était et donc d'où il venait (je simplifie). En Ukraine, il est devenu quelqu'un d'autre, s'est construit une autre vie au milieu d'un autre pays, etc... d'où le déni éventuel de sa langue maternelle. <br /> Là où il y a déni (le fait de "rejetter" quelquechose de façon inconsciente) de la langue maternelle, il y a vraisemblablement un souci d'identité.
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